Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, notamment sur la campagne électorale et sur l'immigration, à Clermont-Ferrand le 28 avril 2012.
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Circonstance : Meeting à l'occasion de la campagne présidentielle, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 28 avril 2012
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Texte intégral
Mes chers amis, mes chers amis, je suis tellement heureux dêtre ici, dêtre dans cette région, dans cette Auvergne que je connais depuis si longtemps, à Clermont où je suis devenu, où je suis venu si souvent. Je suis venu ici pour vous parler avec mon cur, avec mes convictions, avec mon énergie, avec mon amour profond pour la France et avec ma reconnaissance pour lhonneur que mont fait les Français de me désigner comme président de la République pour les 5 années qui viennent de se passer.Je suis venu sans discours, parce que je suis venu vous parler, je suis venu pour partager avec vous les valeurs qui sont les nôtres. Dabord je voudrais envoyer un petit message à tous ceux qui nous aiment tant, vous avez compris ? Ceux qui savent tout et ne connaissent rien, ceux qui parlent de la démocratie et ne la respectent jamais, ceux qui disent quils sont généreux, qui donnent des leçons mais qui mettent leurs enfants dans les écoles où il ny a pas de problèmes et qui habitent au boulevard Saint-Germain, dans un quartier où on na pas de problème. Donneurs de leçon, tartuffes, hypocrites, je suis venu leur dire une chose : vous ne nous ferez pas taire, parce que le peuple de France est un peuple libre et quil nacceptera pas la mainmise de votre pensée unique sur cette campagne électorale. Voilà ce que je suis venu partager avec vous.
Imaginez les forces qui se mobilisent contre nous, faut-il quils nous croient fort pour appeler le ban et larrière-ban. Jai dit les 48 dernières heures ce que je pensais du soutien de monsieur RAMADAN à monsieur HOLLANDE. Vous avez raison, les déclarations de ce monsieur sont une honte, cest une honte et cest une honte notamment sur nos compatriotes musulmans qui méritent mieux que davoir un homme qui parle si mal de leur culture, de leur religion et de ce quils sont. Jai dit ce que je pensais de lappel relayé par un journal honteux qui, après mavoir traité de voyou, a relayé lappel des 700 mosquées en faveur de François HOLLANDE, une honte. Imaginez si lun dentre-nous avait fait le quart, alors cest une grande manifestation pour défendre la laïcité qui aurait été organisée. Mais mes chers amis, on navait rien vu, car aujourdhui un renfort de poids sest manifesté en faveur de François HOLLANDE qui a appelé à la rescousse une caution morale de poids, Dominique STRAUSS-KAHN. Il ne manquait plus que lui et la famille est complète.
Je respecte profondément la présomption dinnocence, mais quand on est accusé de ce quil est accusé et quon a un minimum de dignité, on a la pudeur de se taire et de ne pas rajouter un mot à lindignité dun comportement. Quand je pense que pendant tous les épisodes scandaleux, honteux de New York, de Lille, du Carlton, du Pas-de-Calais, ce fut lhonneur de la droite républicaine et du centre de ne pas sen mêler, de ne pas utiliser, de se boucher le nez, de ne pas commenter, parce que commenter ces indignités cétait en recevoir un peu. Mais quen pleine campagne électorale, à une semaine du premier tour, monsieur STRAUSS-KAHN venant donner des leçons de morale et indiquer que je suis le seul responsable de tout ce qui lui est arrivé, trop cest trop. Quant à monsieur HOLLANDE, qui na quand même pas découvert lexistence de monsieur STRAUSS-KAHN depuis 2 jours ; ou à madame AUBRY qui négociait le pacte de Marrakech dans le riad de Marrakech, qui na pas découvert lexistence de monsieur STRAUSS-KAHN depuis 2 jours, quils disent ce quils pensent de ce ralliement de poids à la candidature de monsieur HOLLANDE. En ce qui nous concerne, je dis à monsieur STRAUSS-KAHN : expliquez-vous avec la justice et épargnez aux Français vos commentaires.
Et jai vu quon ressortait même de la naphtaline monsieur KAHN, celui-là qui a insulté toutes les femmes de France au moment du scandale de New York en disant : ce nest quune soubrette que lon trousse. Honte à celui qui est capable de dire une chose pareille. Nest pas MAUPASSANT qui veut, monsieur KAHN nest quun vulgaire quand il propose une phrase qui ne blesse pas simplement les femmes, qui blesse toute personne qui respecte la dignité humaine.
Voilà donc cette gauche pas gênée pour un poil qui vient nous donner des leçons, pas nous, aux Français, car il faut que je vous explique. Il y a un peu plus de 40 millions délecteurs, peut-être 45 millions, François HOLLANDE a le droit de sadresser au deuxième tour à tous les électeurs français. Eh bien ! Il y a un petit cénacle qui sest réuni et qui a décidé quil y en avait un qui parlerait à 45 millions délecteurs, moins les 6 millions et demi de Français qui ont voté pour Marine le PEN, cest moi. Eux ont le droit de leur parler, moi je dois gagner en ignorant ces 6 millions et demi de Français qui ont porté leur vote sur madame le PEN. Voilà la gauche, voilà les grands censeurs, voilà les donneurs de leçons, ils ont découvert tout dun coup quentre le dimanche du premier tour et le lundi du deuxième tour, mon projet politique avait changé, quil était passé de républicain à extrémiste.
Il se trouve quentre le premier et le deuxième tour, je nai rien changé de la lettre que jai écrite aux Français. Je nai pas fait une proposition nouvelle, je reste calé sur les convictions et les propositions qui sont les miennes. Mais les mêmes qui trouvaient ce projet parfaitement acceptable le dimanche, le trouvent parfaitement inacceptable le lundi. De qui se moque-t-on ? Des Français ? Alors je vais vous en parler des Français et je vais le faire comme je sais le faire, avec mon cur, avec mon expérience. Parce que la situation est si grave, si lourde de sens que je ne viens pas en homme politique faire un discours politique, je viens aux Français comme les autres, parlant à mes compatriotes et leur disant : je parle à tous les Français, quels que furent leurs choix, qui que vous soyez, où vous habitiez, le choix que vous avez à faire le 6 mai est historique. La France na pas le droit à lerreur, votre voix va compter beaucoup plus que vous ne pouvez limaginer. Ce choix, je vous demande de le faire non pas en fonction de vos appartenances politiques, foules innombrables. Je vous demande de le faire non pas en fonction de ce que vous avez pu penser dans le passé, je vous demande de le faire en vous posant une seule question : où voulez-vous quaille la France ? Quelle France pour vos enfants, quelles valeurs pour votre pays, où est lintérêt général et quelles sont les décisions que nous devons prendre.
Au premier tour, au premier tour, ce premier tour où vous vous rappelez, je ne devais pas être sélectionné pour le second, je suis désolé davoir un peu gêné lordonnancement si bien huilé, mais ça ne sest pas passé exactement comme ils limaginaient. Le premier tour a été décrit comme une poussée de la gauche extraordinaire, avec un génie, un homme très raisonnable quon a envie davoir comme voisin, monsieur MELENCHON décrivant Cuba comme une démocratie et Fidel CASTRO comme un démocrate. Ce monsieur qui prétendait être président de la République et qui dit aux Français vous ici en Auvergne, vous connaissez ça, et qui dit aux Français : si vous croisez un riche, comprenez un homme ou une femme qui gagne plus de 4.000 par mois, faites-lui les poches, cest bien pour les enfants de la République dentendre un candidat à la présidence de la République dire cela ; cest bien pour des parents qui doivent élever leurs enfants dentendre un candidat à la présidence de la République dire « faites les poches de celui qui a travaillé et qui a plus que vous », cest bien, cest une honte.
Et monsieur HOLLANDE, la fréquentation assidue de monsieur MELENCHON ne le gêne pas, remarquez ce monsieur MELENCHON qui parlait de son ami HOLLANDE comme dun capitaine de pédalo, quand le pédalo est arrivé il sest dépêché de monter dessus. Et ça veut gouverner la France, et ça donne des leçons, et ça veut montrer lexemple. Alors voilà que les Français ont choisi voilà que les Français ont choisi au premier tour et je vous demande dy être attentif parce que cest grave, quand les Français sexpriment on doit entendre, on ne peut pas faire comme sils navaient rien dit, comme sil ne sétait rien passé. Cette campagne dont on nous expliquait quelle ennuyait tout le monde et dont je mépoumonais à dire « ce nest pas vrai, je sens une mobilisation comme jamais, je sens monter une vague, une participation, je sens que les gens se passionnent, je sens quils sont concernés », vous leur avez donné une leçon magnifique, vous avez été 80 % de citoyens à faire votre devoir de citoyen au premier tour de lélection présidentielle, 80 %.
Heureusement que la campagne ne vous intéressait pas, quest-ce que ça aurait été si elle vous intéressait. Alors dans cette campagne, on avait donc le génie monsieur MELENCHON qui allait tout révolutionner, et qui termine à peine au-dessus de 10 %. On avait madame le PEN dont on nous expliquait quelle faisait une très mauvaise campagne, qui termine à 17,9 %. On mexpliquait quil y avait un référendum pour François HOLLANDE et un référendum contre moi, à 27,28 cest difficile de trouver quil y a deux référendums. Mais quest-ce quils ont dit ces Français ? Je veux parler à ces 6 millions et demi de Français qui ont voté pour Marine le PEN. Jai 35 ans de vie politique, jamais personne na pu ni de près ni de loin voir la moindre collusion entre le Front National et ce que je faisais, jamais. De tous les dirigeants politiques, je suis sans doute celui qui a le plus souvent débattu avec monsieur le PEN. Jamais je nai accepté responsable dune formation politique le moindre accord, la moindre compromission, jamais. Mais personne ne mempêchera, personne ne mempêchera de parler à ces 6 millions et demi de Français parce que nous avons des choses à leur dire, quils doivent être respectés, quils doivent être considérés, quils doivent être écoutés et peut-être même parfois entendus dans la souffrance qui est la leur.
Il y a une différence entre monsieur HOLLANDE et moi, le soir du premier tour monsieur HOLLANDE prend une pince à linge et dit à ces Français : mon Dieu, quelle odeur. Je rappelle à monsieur HOLLANDE que quand on est contre le racisme, on est contre tous les racismes, y compris lorsque le racisme ne sadresse pas à des gens de gauche. Mépriser ces électeurs, cest une forme de racisme, les considérer comme des gens de peu de réflexion, cest une insulte, penser, alors quils ont fait un choix entre des candidatures autorisées par la République, que ce choix est répréhensible, cest une forme de suffisance qui est intolérable. Je ne donnerai pas de leçon à des gens qui vivent dans des quartiers où je ne vis pas et qui scolarisent leurs enfants dans des écoles où je ne scolarise pas les miens. Je minterdis de leur donner des leçons parce que je respecte des conditions de vie qui ne sont pas les miennes. Voilà ce qui sappelle être républicain.
Et quest-ce quils ont dit, ici en Auvergne, vous tous qui aimez votre terroir, qui aimez vos paysages, qui aimez votre région, vous savez bien ce quils ont dit, ils ont dit « la façon dont le monde se construit depuis 30 ans, ça ne peut plus durer », ils ont dit « on comprend quil y a des changements qui sont nécessaires, mais nous ne voulons pas changer notre mode de vie, nous ne voulons pas changer nos valeurs, les valeurs que nous avons reçues de nos parents, nous voulons les transmettre à nos enfants ». Voilà ce quils ont dit en votant comme ils ont voté. Alors on peut faire semblant de ne pas les entendre, on peut faire semblant de ne pas les considérer, on peut faire semblant de faire comme si le premier tour navait pas eu lieu, moi je ne suis pas un homme qui fait semblant. Quand le peuple sexprime, le premier devoir dun responsable cest de tenir compte de ce que le peuple vient de dire. Et ils nous ont dit des choses importantes, ils nous ont dit : nous ne voulons pas que la nation française disparaisse, nous croyons dans lEurope cher Louis, je sais ce que je dois à ton père, le président Valéry GISCARD dESTAING, et tu sais combien son soutien mest précieux. Toute ma vie, jai dit oui à lEurope, mais nous ne construisons pas lEurope contre la nation française. Quest-ce quils disent : parlez-nous des frontières, que vous vouliez exercer votre souveraineté avec dautres pays pour quon soit plus fort, daccord, mais nous ne voulons pas que nos frontières disparaissent. Et si entre la Grèce et la Turquie, il y a 115 km de frontières européennes ouvertes à tout vent, nous ne voulons pas dune Europe passoire, ils lont dit, nous devons en tenir compte. Mais ils ont dit autre chose, ils ont dit : nous sommes un pays qui vient de loin, nous avons une histoire, nous voulons être accueillants pour les autres mais nous voulons quon respecte notre pays, quon respecte notre histoire, quon considère notre identité. Ils ont dit : arrêtez, vous les responsables, de vous cacher derrière votre petit doigt, reconnaissez, revendiquez lidentité de la France, revendiquez notamment que la France a des racines chrétiennes.
Et quand je me promène dans cette Auvergne, je le vois bien avec vos églises, vos cathédrales, dire cela ce nest pas faire lapologie dune Eglise, ce nest pas faire entorse à la laïcité. Mais comment voulez-vous que nos enfants soient fiers de notre pays si nous ne revendiquons pas nos racines, comment voulez-vous savoir où aller dans lavenir si vous êtes incapable dassumer que vous venez de là dans le passé, comment voulez-vous que nous soyons ouverts, généreux, accueillants si nous naimons pas suffisamment la France, si nous naimons pas suffisamment notre histoire, si nous ne revendiquons pas suffisamment ce qui a fait le pays que nous ont légué nos parents et nos grands-parents. Ils nous ont dit : arrêtez de vous excuser en permanence dêtre français, continuez à être accueillants mais défendez les valeurs qui sont les vôtres. Jai parlé des racines chrétiennes de la France, mais je veux dire aussi que dans les 5 années qui viendront, la France sera au côté des chrétiens dOrient qui sont en Orient depuis des siècles et qui doivent être respectés aussi.
Alors figurez-vous que dans cette campagne, il y avait donc des sujets dont nous ne devions pas parler. Un petit club sétait réuni lors des primaires socialistes, et avait décidé ce quil convenait de penser et ce quil convenait de dire. Et tous ceux qui ne pensent pas ou ne disent pas comme eux sont exclus du débat républicain. Ça ne les gêne pas, cest invraisemblable. Lautre jour à la télévision, on ma posé la question sur la déclaration dun député qui me soutient, sur la femme dun candidat. Jai dit que je nétais pas engagé par des propos contre la femme dun candidat, que je ne le ferai jamais et que je ne laccepterai jamais. Et vous savez pourquoi je lai dit ? Parce que je pense que quand on est fort, il faut reconnaître ses erreurs et même les erreurs de ses amis, quand on est faible on est incapable dassumer ce choix. Mais quest-ce que je devrai penser moi, quest-ce que je devrai penser moi quand madame AUBRY me compare à MADOFF, 183 ans de prison, jattends toujours les excuses de madame AUBRY et de monsieur HOLLANDE. Quand dans une réunion où monsieur HOLLANDE se trouve, lun de ses partisans me compare à FRANCO, jattends toujours les excuses de monsieur HOLLANDE. Quand le journal communiste, les communistes qui soutiennent monsieur HOLLANDE, me compare à PETAIN, jattends toujours les excuses de monsieur HOLLANDE. Quand son ami MELENCHON, parce que vous avez les amis de la dernière minute sont toujours les amis les plus empressés, me compare à LAVAL, dois-je considérer, dois-je attendre longtemps les excuses de monsieur HOLLANDE ? Mais je vais vous dire une chose, ce nest pas moi qui suis en cause, jai lhabitude de leurs injures, cest tous les Français qui ont voté pour moi au premier tour et qui se sentent insultés par le sectarisme, la haine, le mensonge, la calomnie, linjure de tous ces donneurs de leçons. Cest vous quils insultent.
Alors donc il y a des sujets quon ne pouvait pas évoquer, je voudrais vous rendre attentifs à cela. Chaque fois que la droite républicaine et le centre a déserté des sujets de préoccupation des Français, à ce moment-là ils ont laissé la place à labstention pour le meilleur à lextrémisme pour le pire. Si nous ne sommes pas capables nous, les républicains, de dire fortement sur des sujets sensibles pour les Français ce que nous ferons dans les 5 années qui viennent, comment voulez-vous que les gens nous fassent confiance, comment voulez-vous quils se reconnaissent entre nous ? Jai voulu parler de limmigration et je défis quiconque de trouver le moindre mot qui ne soit pas parfaitement cohérent avec mon idéal humaniste sur cette question. Et jinterdis à quiconque de dire que parce quon prononce le mot « immigration », on est un raciste, cest trop simple, cest trop insultant, cest trop réducteur, cest trop outrageant.
Mes chers amis, je sais doù je viens, je déteste le racisme, je déteste le sectarisme, je déteste la France repliée sur elle-même, je plaide pour la France forte, pas pour la France faible, je déteste la haine de lautre, je déteste désigner un bouc-émissaire, je déteste lhomophobie, je déteste tout ce qui exclut, tout ce qui avilie, tout ce qui injurie, je déteste cela au plus profond de moi-même. Et quand nous avons vécu ensemble la tragédie de Toulouse et de Montauban, immédiatement en tant que chef de lEtat, jai demandé aux Français de ne pas crier vengeance, de ne pas crier leur colère et de surtout ne pas faire damalgame parce que jai voulu à toute force défendre nos compatriotes musulmans. Voilà les conceptions qui sont les miennes, et personne ne men fera changer.
Mais aussi vrai que je vous dis cela, aussi vrai que je vous dis cela, je veux être libre de parler de limmigration. Limmigration est une tradition française et nous navons pas à la craindre, mais nous devons regarder la situation en face. Pourquoi, pourquoi le système dintégration à la française ne fonctionne plus ou si mal, parce quil y a une raison. Une partie des élites ne veut pas évoquer parce quelle se masque la réalité, cest que nous avons accueilli plus de monde que nous ne pouvions en intégrer. Voilà la raison qui me fait vous dire que nous devons diviser par deux pour les 5 années qui viennent le nombre de ceux que nous accueillerons sur le territoire de la République française. Non pas parce que nous ne les aimons pas, non pas parce quils sont différents mais tout simplement parce que quand nous accueillons, nous devons intégrer ; et nous ne pourrons en accueillir dautres que quand nous aurons intégré ceux qui sont ici. Il y a une deuxième raison, nos comptes publics et nos comptes sociaux sont en déficit, comment en tant que chef de lEtat je pourrai dire aux Français : faites des efforts pour rétablir léquilibre de nos comptes, et les efforts que jimposerai aux Français, je ne devrai donc pas les imposer à ceux qui veulent nous rejoindre. Je ne peux pas accepter dans la situation économique, fiscale, sociale de la France une immigration qui ne serait motivée que par le seul attrait de prestations sociales parmi les plus généreuses dEurope. Quy a-t-il dantirépublicain à cela ?
Mais je vais vous dire comment on va arriver à cela, parce que je sais quon nous écoute bien au-delà de cette salle et je sais que les Français sont en train de réfléchir à leur vote. Je veux leur dire comment nous allons y arriver car je prendrai des engagements précis, que je daterai pour que chacun comprenne ce que nous allons faire. Jai fixé un objectif, la division par deux des personnes que nous accueillons, et je prendrai un certain nombre de mesures. La première, toute personne qui voudra rejoindre la République française devra auparavant dans lun de nos consulats démontrer sa connaissance du français et des valeurs de la République, avant dentrer sur le territoire national. Pourquoi ? Je veux mexpliquer en détail avec vous, pourquoi ? Parce quexpliquez-moi un peu ce quil y a dhumaniste et de républicain à accueillir sur notre territoire une femme qui ne parle pas un mot de français, qui est laissée enfermée à la maison par son mari, qui ne peut pas comprendre le petit mot que linstituteur de son enfant lui adresse, qui ne peut pas dialoguer avec le professeur de son enfant. Et je vous demande de réfléchir, limage que cet enfant devenu grand aura de la société française qui aura laissé sa femme enfermée à la maison sans parler un mot de français, quelle image aura-t-il de lautorité parentale, de légalité entre les sexes homme et femme et de la générosité de la République française. Si cest ça lhumanisme, nous ne voulons pas de cet humanisme.
Désormais cette femme, nous laccueillerons après quelle ait appris le français, quelle ait retenu les valeurs de la République, quelle connaisse ses droits et quelle ne soit pas lesclave dun homme qui ne respecte aucune des règles de la République française. Cette femme notamment saura que lorsquon vient sur le territoire de la République française, on nest pas enfermé derrière une prison de tissu parce que nous avons interdit le port de la burqa sur le territoire de la République française.
Je comprends quon soit contre, mais il y a une chose que je ne comprendrai jamais cest la lâcheté. Figurez-vous que lorsque jai proposé ce texte, que des parlementaires ont voté courageusement, le candidat François HOLLANDE na pas dit oui, il na pas dit non, il na pas participé au vote. Dois-je comprendre dois-je comprendre quil na pas de convictions sur le sujet, à moins que son emploi du temps ait été trop chargé le jour du vote. Alors il devrait sappliquer à lui-même la règle du non-cumul des mandats, puisquil demande pour les autres de navoir quun mandat alors que lui en a deux. Où est la franchise ? Où est lhonnêteté, où est le courage ? Où est la transparence ? Mais cette femme, elle saura autre chose, cest que quand on arrive sur le territoire de la République française, contrairement à ce que pense madame AUBRY, dans nos piscines nous voulons les mêmes horaires pour les hommes et pour les femmes, parce que nous, nous pensons que le regard dun homme sur une femme cest naturel, et le regard dune femme sur un autre homme cest naturel, quil ny a pas lieu de les enfermer chacun dans leur sexe avec chacun une case, chacun des horaires. Parce que pour nous une femme, quand on est un homme, cest un être humain ; et pour une femme quand on est une femme, un homme cest un autre être humain traité à égalité. Et nous voulons dans les hôpitaux que les femmes aient les mêmes médecins que les hommes, et nous souhaitons à la cantine scolaire de nos enfants les mêmes menus pour tous les enfants de la République. Et nous ne voulons pas dune table où il y aurait les petits musulmans, dune autre où il y aurait les petits juifs, dune autre où il y aurait les petits chrétiens, ce sont les enfants de la République qui déjeunent à la même table avec le même menu. Voilà ce que nous souhaitons.
Mais je nai pas fini, jai encore deux choses à vous dire. La première, cest que désormais lorsquon viendra sur le territoire de la République, il faudra 10 ans de présence et 5 années de cotisations pour bénéficier du RSA et du minimum vieillesse. Non pas cher Jean-Pierre parce quon a peur, non pas parce quon veut traiter les gens différemment, mais parce quen France quand on est citoyen, on a travaillé dur, on a cotisé et quand on met un genou à terre, on a le droit à des allocations, la même règle pour les nationaux et la même règle pour les étrangers sur le même territoire de la même République.
Et enfin, que les choses soient claires : nous nous opposerons de toutes nos forces au vote des immigrés aux élections municipales. Si un étranger veut devenir français, il peut le devenir, et il aura la citoyenneté française et il aura le droit de vote.
Mais quest-ce quon cherche par là ? Il faut dire la vérité. Bas les masques, Messieurs les hypocrites ! Vous avez perdu le vote populaire, parce que vous ne parlez plus aux travailleurs, vous ne parlez quà ceux qui ont un statut. Vous ignorez les usines, vous ignorez les délocalisations, vous ignorez les travailleurs. Vous navez plus le vote populaire, vous voulez obtenir le vote communautaire ! Nous ne voulons pas dun vote communautaire sur le territoire de la République française ! Nous nen voulons pas !
Voilà ce que javais à vous dire. Mais jai encore une chose à rajouter. Parce que dans cette campagne je ne veux rien cacher. Je nai rien à cacher. Je veux que vous sachiez tout. Ici, ce nest pas les Etats-Unis : lorsque quelqu'un est malade, lorsquil est souffrant, lorsquil a besoin dêtre opéré, on ne lui demande pas de fournir sa Carte Bleue pour savoir quel est létat de son compte bancaire ; on le soigne. Parce que quelle que soit sa couleur de peau, quelle que soit sa nationalité, et quil soit même quitte à en choquer quelques-uns ici, je veux le dire , quil soit même légal ou illégal, quand quelqu'un est à la porte dun hôpital de la République française, on le soigne, parce que cest un être humain, et parce que cest lhonneur de la République française de se comporter ainsi ! Voilà pourquoi je ne toucherai pas à laide médicale durgence.
Mais en même temps, mais en même temps, je veux dire une chose : je demanderai, dès la fin de cette année, que la Carte Vitale soit désormais biométrique, parce que notre générosité na pas à être bafouée par la fraude, par les fraudeurs et par les tricheurs !
Voilà mon projet, et il me plaît de le défendre, de le défendre devant mes amis qui sont ici, au premier rang desquels je veux saluer Jean-Pierre RAFFARIN. Je nai pas un discours pour les uns, un discours pour les autres, cher Laurent WAUQUIEZ, tu le sais bien. Tu es mon ami, et tu le sais. Je revendique ces idées. Et je dénie à quiconque le droit de nous blesser ou de nous injurier en mettant en cause notre humanisme, ou notre connaissance des valeurs de la République.
Lautre jour, à la télévision, jai succédé à mon adversaire. Alors jai regardé, je me suis dit : Je vais peut-être apprendre quelque chose. A cinq reprises, le journaliste David PUJADAS lui a posé une question : Jai une question à vous poser, répondez simplement, y a-t-il trop détrangers en France, ou pas assez ? Cinq reprises, il a refusé.
Dois-je considérer que celui qui prétend vouloir être président de la République na donc, à moins dune semaine, un peu plus dune semaine, du 6 mai, aucune idée sur ce que devra être la politique migratoire quil conduira dans les cinq ans sil était élu ? Aucune ? Au bout de cinq questions, il a consenti à dire : On va y réfléchir. On va faire une commission !
La France traverse une période de gros temps. Dans le gros temps, il vaut mieux un capitaine qui ait une colonne vertébrale, du courage, une expérience, des convictions, et une force pas dun homme qui a besoin, sur tous les sujets sensibles, dune commission pour réfléchir.
Mais il y a un autre sujet dont il ne voulait pas que nous parlions, et pourtant je veux en parler avec vous, parce quil est absolument capital : cest celui de lEurope. Dans une région comme la vôtre, qui a toujours manifesté les parlementaires qui sont ici le savent bien un très grand attachement, est-ce que vous croyez vraiment que lEurope pourra supporter longtemps quà chaque fois quon organise dans un pays européen une consultation populaire, les gens répondent non ?
Est-ce que ça ne doit pas nous interpeller ? Est-ce que nous ne devons pas réfléchir à cette question étrange : nous avons voulu lEurope pour protéger, tant de nos compatriotes la voient comme une menace ? Est-ce que nous ne devons pas réfléchir à cette situation étrange : nous avons fait lEurope pour protéger la civilisation européenne, lEurope aujourd'hui est vécue comme une menace ? Croyez-vous que nous pourrons supporter longtemps des exemples comme la Grèce ? Croyez-vous quon pourra imposer longtemps aux peuples dEurope des souffrances ?
Pensez-vous quil y a un seul agriculteur dAuvergne qui pense quil est normal quon laccable de normes, de règles, dobligations, et quon continue à importer en Europe des produits de pays qui ne respectent aucune norme, aucune règle, aucune obligation ?
Pensez aux chefs dentreprises de votre région pas simplement MICHELIN, que jadmire depuis bien longtemps et que je connais très bien, et dont je salue ceux qui y travaillent, entreprise monde qui a gardé ses racines à Clermont-Ferrand ; je parle à toutes ces entreprises qui irriguent votre région. Considérez-vous quon va pouvoir longtemps expliquer aux salariés qui vivent la peur au ventre, aux ouvriers, la peur au ventre de la délocalisation, pour laquelle ils ne sont pour rien, parce que depuis 1994 lEurope a ouvert tous ses marchés publics, et parce que nos grands concurrents dans le monde continuent à refuser louverture de tous leurs marchés publics ?
Est-ce que vous croyez que les Français, les peuples dEurope, vont continuer cela ? Nous croyons à lEurope, pas dans une Europe passoire, pas dans une Europe faible, pas dans une Europe à genoux, mais dans une Europe qui défend les Européens ! Voilà le message qui est le nôtre !
Je crois à la libre-circulation, parce que je pense que les échanges, et quand je vois tant de jeunes, je me dis : Vous avez la chance de vivre dans une Europe où on peut voyager, où on peut étudier, que cest merveilleux ! Mais nous navons pas décidé dabattre nos frontières ; nous avons décidé dexercer notre souveraineté ensemble. Si un pays dEurope ne contrôle pas les frontières de lEurope, alors nous sommes en droit de demander des sanctions contre lui.
Alors voilà ce que je vais faire dans les cinq années qui viennent : si je nobtiens pas dans un an la modification de fond en comble de Schengen, je rétablirai unilatéralement des contrôles à nos frontières, tant que Schengen naura pas été modifié.
Et Jean-Pierre comme Louis, vous le savez parfaitement bien, je le dis parce que je suis européen, et que jai suffisamment fait pour défendre leuro, pour défendre lEurope, pour porter sur les fonds baptismaux le gouvernement économique de lEurope, quon ne fasse pas après le procès en racisme ou en extrémisme, le procès en engagement tiède en faveur de lEurope, alors que ma vie entière jai cru, jai toujours cru, et je crois toujours dans le projet européen !
Sagissant des marchés publics, si dans un an nous navons pas obtenu la réciprocité, jappliquerai unilatéralement la règle suivante : tous les marchés publics communaux, tous les marchés publics départementaux, tous les marchés publics régionaux et tous les marchés publics de lEtat seront réservés exclusivement aux entreprises qui produiront et créeront de lemploi en Europe, à lexclusion de tous les autres !
Et jappliquerai une dernière règle : je demanderai que 20 % de nos marchés publics soient réservés aux petites et moyennes entreprises, aux productions locales, aux productions du terroir. Parce que je connais bien la manuvre : lorsque lappel doffres se fait systématiquement sur le prix, cest toujours le plus gros qui a le prix le moins cher ; et puis lorsque le petit a disparu, comme par hasard, le prix du plus gros augmente. Voilà comment on tue le tissu industriel et entrepreneurial dune région !
Et je veux dire un mot sur un sujet qui mintéresse, et dont on ne parle jamais : la frontière. La frontière. Ce nest pas un gros mot. Je voudrais faire comprendre à chacun dentre vous ici : imaginez la situation qui serait la vôtre si vous habitiez dans une maison dont vous nauriez aucun titre de propriété, ou si vous habitiez dans un appartement dont vous nauriez aucun bail de location, occupant sans droit ni titre. A ce moment-là, chaque voisin, chaque étranger qui arrive, devient une menace. Si votre propriété, votre appartement, votre maison nest pas définie par un acte de propriété, une frontière, un cadastre, à ce moment-là, lautre est une menace.
Si vous êtes assuré de votre propriété, de votre titre de location, lautre est un voisin à qui on peut tendre la main. La frontière, pour un pays, obéit exactement aux mêmes règles.
Imaginez quon vous interdise dhabiter dans une maison avec des portes, des fenêtres, des volets ; imaginez quon vous oblige, dans quel état seriez-vous dans votre chambre ? Est-ce que vous pensez que ça renforcerait votre sens de lhospitalité, ou est-ce que vous vous sentiriez menacé ?
La frontière, la frontière cest ce qui rassure une société, une Nation. La frontière, cest ce qui définit un idéal commun, un projet collectif. La frontière, cest comme un signe de reconnaissance, qui apaise les tensions entre deux pays. Quand y a-t-il des tensions ? Quand les frontières ne sont pas claires. Quand y a-t-il des tensions ? Quand les territoires où il ny a aucune frontière, où tout le monde est partout chez lui, où personne nest partout chez lui, et cest la loi de la force alors qui prime, par rapport à la loi du droit. Nous ne voulons pas dun monde sans frontières.
Et lEurope est parfaitement compatible, parce que je nai vu nulle part quon devait dire que lEurope ne devait pas avoir de frontières. Je voudrais que vous réfléchissiez à ça : regardez les grands pays dans le monde qui réussissent. La Chine : croyez-vous vraiment que les Chinois ne sont pas attachés à la Nation chinoise ? Et quand vous allez aux Etats-Unis dAmérique, nêtes-vous pas bouleversés par le fait quun appartement sur deux, une maison sur deux, il y a un drapeau américain, parce que les américain disent : On est fier de notre pays, on aime notre pays ! Et quand vous voyez le Brésil, est-ce que vous pensez une minute que les Brésiliens nont pas envie de défendre la Nation brésilienne ?
Eh bien nous les Français, nous disons que ça suffit ! Nous aimons la Nation française, cest un projet collectif ! Nous venons de loin, et nous ne supportons plus la mise en cause permanente de notre pays !
Quand jai osé, quand jai osé Quand jai osé parler de lidentité nationale, jai eu limpression de prononcer une incongruité. Lidentité de notre pays. Mais si nous ne savons pas doù nous venons Nous sommes le pays de VOLTAIRE, nous sommes le pays de Victor HUGO, nous sommes le pays de MAUPASSANT, nous sommes le pays de Jeanne dArc, nous sommes le pays du Général De GAULLE ! Nous venons de loin. BONAPARTE, cest chez nous, hein ! Ce pays sest construit parce que des générations successives lont voulu, lont défendu, se sont battues pour lui ! Nous ne voulons pas nous fondre dans une espèce daplatissement général du monde où il ny aurait plus de cultures, plus de langues, plus de frontières, plus didentités ! Ce nest pas notre projet !
Notre projet, cest une identité forte, à partager avec dautres, qui ont une identité forte pas la négation de notre identité ! Cest peut-être le plus grand intellectuel du 20e siècle, Claude LEVI-STRAUSS, qui lavait dit, en clôturant le débat : Lidentité nest pas une pathologie.
Et à tous ceux qui défendent la diversité, jaimerais Le bêlement général sur la diversité, valeur positive jaimerais savoir ce qui reste de la diversité quand il ny a pas didentités. Pour quil y ait une diversité, il faut dabord quil y ait des identités, des identités multiples, des identités différentes. Cest ça qui permet la diversité ! Parce que laplatissement de votre monde, sans frontières, sans cultures, sans contrôles, sans rien, où tout se vaut, cest la fin de la civilisation, pas le début de la civilisation !
Mais la frontière, elle ne sarrête pas là ; la frontière, cest notre culture, notre langue. Nous ne voulons pas que la francophonie, cher Jean-Pierre, disparaisse. Nous ne voulons pas que la langue française disparaisse. Nous ne voulons pas que le cinéma français disparaisse. Nous croyons, et cest pour cela que nous avons défendu les droits dauteur, parce que nous croyons à cette culture française, et nous croyons que la réponse à la crise économique en France, cest une réponse culturelle.
Jai dit à la commissaire européen qui minterrogeait : Mais pourquoi voulez-vous la taxe à taux réduit sur les livres, sur les disques ? Jai dit : Parce que, Madame, la France cest un pays particulier ; on considère que pour vivre, en France, il faut boire Ah, ce nest pas original, me dit-elle , il faut manger Ah, ce nest pas original, me dit-elle , et vous savez ce quon pense ? Il faut lire, il faut écouter de la musique, il faut voir des beaux films. Les produits culturels, pour nous, sont des produits de première nécessité ! Voilà la France, et voilà pourquoi la France veut un taux de TVA réduit sur les produits culturels !
Moi, quand jai eu lhonneur de parler, Place de la Concorde, devant 120.000 personnes, cest peut-être le seul pays, la France, où on peut parler devant 100.000 personnes et citer PEGUY, et citer Victor HUGO, et citer les grands auteurs ! Et tout dun coup, on se sent en communion avec ceux qui vous écoutent, parce quon se sent les héritiers dun même patrimoine : le patrimoine national français !
Jai prononcé un mot Jai prononcé un mot qui est banni, et je men excuse auprès de vous. Jai prononcé le mot « patrimoine ». Cest grave ? Il faut que je men explique, avant dêtre absolument crucifié immédiatement ! Alors pour tous ceux qui nous regardent et qui ne comprendraient pas ce que ça veut dire, je vais vous expliquer ce que je pense, moi, du patrimoine et du travail.
Le 1er mai, je vous invite à me rejoindre sur lEsplanade des Droits de lHomme, et sur la Place du Trocadéro. Le 1er mai, Monsieur HOLLANDE sera très fier de défiler derrière les drapeaux rouges de la CGT ; moi je serai très heureux de mincliner devant le drapeau tricolore de la République française ! Le 1er mai, François HOLLANDE sera heureux dêtre en compagnie des dirigeants permanents de la CGT ; moi je serai heureux dêtre en compagnie du peuple de France dans sa diversité et dans son unité !
Et je vais vous dire de quoi je vais parler : je vais parler du travail. Ici, quand je regarde vos visages, je lis votre histoire. Tous ici, vous avez construit votre famille et votre patrimoine à la sueur de votre front. Vous avez travaillé dur. Il y a bien des jours où vous en aviez plus quassez ; il y a bien des jours où vous naviez pas envie de vous lever ; il y a bien des jours où vous avez eu envie de rentrer plus tôt ; il y a bien des jours où le week-end, au lieu de travailler, vous auriez préféré être avec les enfants, ou partir en vacances ; il y a bien des jours où vous avez pensé « Je ne men sortirai pas » ; il y a bien des jours où vous avez mis un genou à terre ; il y a bien des jours où vous en avez pleuré dinquiétude ; il y a bien des jours où les nuits étaient agitées, parce que le souci du lendemain, de la facture quon ne peut pas payer, du client quon ne peut pas livrer, ou du client quon a perdu, du champ quon ne peut pas cultiver, ou tout simplement de lusine où on se dit « Est-ce que demain elle existera encore ? »
Ces nuits blanches, il y en a beaucoup parmi vous qui en ont eu. Et pourtant, à chaque fois que la vie a été difficile et la vie est toujours difficile, il ny a pas une vie qui est facile, cest la règle de la vie, cruelle, difficile. Et quand il y a une surprise, cest assez rare quelle soit bonne ; ça peut arriver, il faut bien en profiter. Et malgré tout, quand cest arrivé, chacun dentre vous, quest-ce que vous avez fait ? Vous avez serré les dents, vous y êtes allé, sans plaisir, mais vous vous êtes dit : Si je ne le fais pas, personne ne fera mon devoir à ma place ; si je ne le fais pas, il ny aura personne qui fera vivre mes enfants ; si je ne le fais pas, tout sécroulera.
Il ny en a pas un seul parmi vous qui a protesté, parce que la France à laquelle je parle, elle est trop pudique pour protester. Il ny en a pas un seul parmi vous qui ait partagé, au-delà du cercle familial, sa douleur, parce que la France à laquelle je parle, elle est trop fière ; elle ravale sa douleur, elle serre les poings, elle serre les dents, et elle fait comme sil ne sétait rien passé. Et tous, vous vous êtes dit : Mes enfants me regardent ; si je ne le fais pas, quel exemple leur donnerai-je ?
Et puis vous avez surmonté tout ça, et vous avez créé un patrimoine. Et contrairement à ceux qui en parlent et qui nont aucun cur, quand cette France du travail regarde son patrimoine, elle ne regarde pas largent, car cette France à laquelle je parle, elle nest pas avide, elle est honnête. Quand elle regarde ce patrimoine, elle se dit : Cest des milliers dheures de sueur, de travail, et voilà pourquoi je suis attaché à mon patrimoine. Non pas parce quil vaut de largent, mais parce que cest le mien ! Je ne le dois à personne ! Je lai construit, je lai voulu, je lai bâti, et je ne permettrai à personne dy toucher ! Voilà, la France qui travaille, ce quelle pense quand elle regarde son patrimoine !
Et cette France-là, elle nest pas jalouse, elle nest pas arrogante, elle nest pas envieuse ! Cette France-là, elle est généreuse, elle est prête à partager, mais pour peu que celui qui veuille partager respecte le choix de lautre, et se donne autant de mal que soi-même on sest donné pour acquérir la même chose que ce que lon a acquis !
Et pourquoi lai-je voulu ? Jai voulu supprimer les droits de succession. Je maintiens ce choix. Et je demande à Monsieur HOLLANDE de dire ce quil fera de la suppression que jai faite des droits de succession sur les petites successions et sur les successions moyennes. Parce que je crois à la famille, et parce que je crois au travail ! Et parce que je crois que quand on a travaillé toute sa vie, il est normal de laisser à ses enfants, en franchise dimpôts, le fruit dune vie de travail !
Enfin, je veux terminer en disant un mot de la famille. La famille, voyez-vous, elle a changé et jen sais quelque chose. Oh, je vois que je ne suis pas le seul ! Il y a le divorce, et le divorce cest toujours une épreuve, pour celui qui reste, et pour celui qui part. Et je suis sûr que dans cette salle, il y a beaucoup dépreuves de cette nature, et que peut-être, on aurait fait la même réunion il y a quarante ans ou cinquante ans, je naurais pas pu dire la même chose. Et puis maintenant il y a des familles recomposées, parce que les histoires familiales sont belles, mais elles sont complexes. Et la complexité de la vie, vous tous, vous lavez parfaitement intégrée.
Mais je vais vous dire une chose que ne comprennent pas ceux qui nous voient de lextérieur : cest que ce nest pas parce que la famille a changé, quon tient moins à la famille ; on y tient encore davantage, à sa famille. Parce que ce nest pas une famille dhabitude, cest une famille de cur. Voilà pourquoi je ne laisserai pas détruire linstitution familiale par la suppression du quotient familial ! Parce que je crois que la force de la France, cest sa politique familiale !
Oui, quand on a une douleur, quand on a un problème dans la vie, on se retourne vers sa famille, on croit dans sa famille, on aime sa famille. Et ça, rien ni personne ne le fera changer.
Je vais vous dire un mot de la vie, et du respect que lon doit à la vie. Parce que dans cette campagne, vous devez connaître les deux candidats. Vous devez savoir, sur des sujets absolument essentiels, quelles sont leurs convictions. Moi je vais vous dire la mienne. La vie, cest un mystère. La vie et la mort sont un mystère. Pour les uns, cest un miracle ; pour les autres, cest le hasard. Mais pour tous, cest un mystère. Et au nom de ce mystère, je vous dis une chose : la vie est sacrée. Parce que la vie, elle nest pas dans la main des hommes. Quon soit engagé dans une religion ou pas.
Voilà la raison pour laquelle je peux comprendre que quand la vie nest plus la vie, on arrête un traitement, mais que je ne pourrai jamais accepter que de toute connaissance de cause, on donne la mort. Je ne laisserais pas faire leuthanasie dans notre pays.
Je veux que vous me compreniez ; cest très important de comprendre cela, parce que cest toute une conception de la société. Cest une chose, à la fin de la vie, avec le vieillissement, et chacun dentre vous peut-être a connu cette douleur, de laisser se faire ce dialogue singulier entre le patient, sa famille, et le médecin. La loi nest pas là pour tout régler, pour tout contingenter. Et on na pas besoin de regarder sur un texte les dix-huit cas où on pourrait inoculer la mort. Il y a un domaine où on doit rester avec pudeur dans ce mystère et dans ce dialogue singulier : famille, médecin, malade.
Et puis il y a un autre choix, cest celui quont fait certains pays, de provoquer la mort. Je ne laccepterai pas. Parce que la vie nest pas un produit, une marchandise. Parce que la vie, cest quelque chose dunique, de singulier, de fragile. Et je vais même vous dire quelque chose : parce que la vie nous dépasse, nous devons donc la respecter, quelles que soient nos croyances, et quels que soient nos engagements religieux, ou labsence de nos engagements religieux.
Je sais, ça peut étonner, de parler de ça. Mais une campagne, cest un grand moment de rencontre entre un peuple et un homme. Une campagne, cest un grand moment de vérité, sur un projet et sur une personnalité. Une campagne, cest un moment dauthenticité. Ce nest pas le moment du mensonge, de la dissimulation.
Vous savez, mes chers amis, que je sois à la télévision ou devant vous, que je sois ici ou tout à lheure à la finale de la Coupe de France, ou que je sois chez moi en train de regarder « Clermont Demain », je suis le même ! Je suis le même. La présidence na pas changé lhomme. Jai des sentiments. Je ne suis pas une momie. Je ne joue pas une comédie. Je ne singe pas un modèle. Je suis moi-même, avec mes défauts, cest certain, mais avec ma vérité, avec mon amour pour le pays, avec mon attachement aux Français, avec ma connaissance pour le peuple de France.
On ma reproché souvent lexpression de sentiments. Mais je vais vous dire une chose : le président de la République, il doit rester accessible aux sentiments. Devant les cercueils recouverts du drapeau tricolore de nos soldats morts, que jai envoyés en opération, je ne peux pas rester insensible. Je ne peux pas être simplement président de la République. Je veux être père, et penser à ce gamin de 22 ans qui a donné sa vie parce que la France le lui demandait. Devant la victime dun monstre, devant sa famille, je ne peux pas rester insensible.
Et lorsque hier, avant-hier, les policiers mont dit « Défendez-nous », jai voulu être aux côtés des fonctionnaires de Police et des militaires de la Gendarmerie. Parce que je ne peux pas accepter, et je naccepterai jamais, jamais, je ne peux pas accepter quon tue un homme, quel que soit son pedigree, mais je ne peux pas accepter quon demande à un policier ou à un gendarme dêtre dabord blessé ou tué avant de pouvoir répondre.
Laurent, Alain, Brice, lenquête était parfaitement nécessaire ; la mise en examen était parfaitement inévitable. Mais franchement, quand on met en examen pour homicide volontaire un policier qui faisait son devoir, dans le département de la Seine-Saint-Denis, où il y a eu 1.644 policiers blessés sur les deux dernières années, où il y a eu 53 policiers morts en service depuis le début de mon quinquennat, où lindividu à qui il est arrivé ce drame a été le plus jeune incarcéré de France à lâge de 13 ans, où il avait commis 11 vols avec main armée, où il était en permission de prison et il recommençait un vol avec main armée, pardon de vous le dire, mais je suis du côté des forces républicaines de sécurité !
Je ne porte aucun jugement sur la justice, mais je dis quand même que mettre en examen un fonctionnaire de police qui a une femme, des enfants, le mettre en examen pour homicide volontaire, avant même quil y ait eu la moindre enquête, je trouve que cest pousser très loin ce quon demande aux policiers, aux gendarmes et aux douaniers dans notre pays. Je le dis avec calme, mais là aussi, vous devez savoir pour qui vous allez voter.
Et enfin, je terminerai par là, mes chers amis, il y a bien sûr vous qui êtes là, et puis il y a vos familles, vos amis. Je veux madresser, pour terminer, à ceux pour qui jai commencé, à ceux qui nont pas voté pour moi et cétait leur droit au premier tour.
Je voudrais leur dire que le vote du deuxième tour nest pas un vote dhumeur ; cest un vote qui va avoir des conséquences pour cinq ans. Moi je ne ferai pas « Après moi, le chaos ». Je nai pas envie de faire peur. Jaime trop mon pays, et je respecte trop le peuple français. Votre choix, de toute façon, sera le bon. Je veux simplement dire une chose, à ceux qui veulent demeurer dans labstention, ou à ceux qui ont voté pour un autre candidat et qui veulent sabstenir : Sachez vraiment ce que vous allez faire, et ne soyez pas surpris des conséquences de ce choix.
François HOLLANDE a le même cynisme que François MITTERRAND. François MITTERRAND se bouchait le nez quand il parlait de Jean-Marie LE PEN, mais il se régalait des problèmes que Jean-Marie LE PEN faisait à la droite républicaine et au centre. François HOLLANDE aime à donner des leçons, se bouche le nez lorsquil parle des Français qui ont voté pour le Front National, mais il se régale à lidée des problèmes que les électeurs du Front National pourraient faire à la France et à nous-mêmes sils ne se déplaçaient pas au deuxième tour pour aller voter.
Cest un choix ! Le choix, ce nest pas simplement le mien. Il ne sagit pas de savoir quel sera le rôle qui sera le mien, le 6 mai. Il sagit de savoir quest-ce que vous voulez pour la France. Si vous êtes contre le vote des immigrés, si vous êtes contre la régularisation générale, si vous êtes contre lexplosion des impôts, si vous ne voulez pas pour la France le sort dramatique que connaissent nos amis Espagnols, alors il y a un choix à faire. Et ce choix, il ne faut pas le faire le 7 mai, il faudra le faire le 6 mai. Voilà la vérité !
Merci à tous, merci de votre présence !
Merci Christine, merci Jeannot, merci Jean, merci tous ceux qui sont ici ! Merci à toi, Brice, pour ton amitié si fidèle depuis quarante ans ! Merci à vous tous qui êtes ici ! Edouard. Merci à Nathalie. Merci à toi, Jean-Pierre, dêtre venu dans la région de ta femme.
Mes chers amis, je compte sur vous ! Jai besoin de vous !
Le 6 mai, peuple de France, lève-toi, manifeste-toi, exige que ce soit tes idées, tes valeurs !
Peuple de France, le 6 mai, ça sera : Vive la République, et vive la France, forte !
( ) « La Marseillaise »
NICOLAS SARKOZY
Et vous êtes vraiment formidables ! Je voudrais Merci Oui, bien sûr ! Jaime bien les Irlandais, mais pour moi cest Clermont ! Je voulais vous dire : vous êtes admirables, vous êtes formidables. Vous êtes indécourageables, vous êtes ininfluençables, vous êtes inébranlables, vous êtes le peuple de France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 2 mai 2012
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